S'essayer à l'ego-histoire, au-delà de la leçon d'adieu  ?

Faut-il raconter une vie passée à faire de l'histoire ? Une carrière consacrée à l'enquête - l'emblématique ἱστορία du modèle grec antique -, autant qu'à son enseignement par un démarrage au primaire, un passage aux secondaires I et II, un ancrage au tertiaire.

Ce serait céder à l'attrait d'une exposition de sa propre destinée, courir un risque d'exhibitionnisme, sacrifier à ce genre curieux de se faire historien de soi-même à la suite de beaucoup d'autres, anonymes, illustres... Tisser un lien entre l'histoire qu'on a faite et celle qui vous a fait. Dévoiler le lien secret avec son travail, ne plus s'effacer, ne plus se réfugier derrière ses fiches ou son écran....

 

 

 

Dans la foulée du premier “atelier” Historians' Workshop (Original Essays by Sixteen Historians, NY 1970) qui rompait avec la figure de l'historien positiviste réfugié derrière son «nous» de majesté, reclus dans ses archives, les Essais d'ego-histoire (Gallimard, 1987) par sept des plus grands historiens français de l'École des Annales, à la fin des années 1980, m’avaient profondément marqué. J'avais suivi les cours ou les conférences de la plupart d'entre eux, doctorant à Paris I en 1980-1981. Pierre Nora, coordinateur des Lieux de mémoire, aurait pu figurer à leur tête. Il s’est contenté d'en préfacer les dévoilements, récusant tout reproche d'exhibitionnisme, assimilant la démarche à un mouvement de curiosité lorsqu'elle suit la règle historienne de se regarder en objet d'enquête.

J'ai ainsi découvert comment mon mentor de thèse à Paris I, Maurice Agulhon, un des sept, était monté à Paris depuis sa Provence comme «fils du maître» poussé à l'excellence scolaire, épris pour l'histoire dès le lycée par un compagnon-même de Marc Bloch, co-fondateur de l'École des Annales, au gré d'une des dernières ascensions sociales républicaines promouvant les brillants sujets d'origine modeste jusqu'au «sommet de la rue d'Ulm» : l'Ecole normale supérieure d'où sortait par volées annuelles de cinquante têtes “bien faites”, l'élite intellectuelle de la Nation. Sommet provisoire avant la Sorbonne et le sommet des sommets : le Collège de France !

En Suisse romande, il y a bien eu, tardivement, en 2004, une reproduction du modèle français de se faire historien de soi-même. N'y ayant pas participé, comme la très grande majorité de mes confrères, je sacrifie à quelques ego-propos, ici, aux conditions canoniques d'un dévoilement de ce qui raconte l'élaboration de mes propres histoires.

Et pour cela, il y a donc déjà une leçon d'adieu éditée à la rubrique Accueil de ce site. Mais aussi tout ce qui témoigne de l'évolution de l'école et de la société autour de l'historien que je suis devenu. Ce qui transparaît pour le temps de la scolarité dans un article de la revue Résonances (3/2017), avec un départ dans l'ancien régime scolaire. En se demandant dans quelle mesure un tel régime se serait ensuite modernisé.

Ego-histoire Pdf
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Elève des derniers profs de l'ancien régime scolaire

Les trois pages insérées ici seront plus lisibles en téléchargeant le fichier Pdf ci-joint, enrichi d'une note sur des origines familiales entre Singine, Gruyère et Alsace. Sachant qu'en longue durée, il semble bien que nous venions toutes et tous d'un rift africain ou de quelque chose comme ça (sans remonter plus loin)...

La revue Résonances m’a sollicité en 2017 pour une auto-réflexion sur le métier d’enseignant en raison d'un parcours atypique à travers trois systèmes scolaires cantonaux, alors très différents, du primaire au secondaire, dans les années 1950-1960.

Pour la suite, les études, le professorat académique et le travail d'historien, on peut donc revenir à ma leçon d’adieu en ligne à l'Accueil du site.

Entre devoir de véracité et
accomplissement d'une carrière

Mais jusqu'où faut-il aller pour remplir pleinement les conditions d'une égo-histoire, dépasser le récit des savoir-faire de son propre métier, dévoiler les arcanes de sa condition d'historien chercheur et enseignant, écueils et obstacles rencontrés autant que passages franchis ?

On trouvera à travers les principales recensions de ma thèse de doctorat, à la rubrique Histoire de la Gruyère et de Fribourg, un aperçu d'une condition d'historien écartelée entre préoccupation de véracité historienne et accomplissement d'une carrière académique. Mais avant tout le contexte d'une longue et patiente élaboration.

 

Né juste à temps !

Né trois ans plus tôt, avec un destin scellé en fonction de mon origine sociale par l'école en deux ordres alors encore en vigueur, j'aurais pu devenir boulanger (ce qui n'aurait pas été pour me déplaire) !

Je mesure ainsi l'incidence d'une réforme structurelle de l'école sur ma propre destinée et la légitimité de tisser un lien entre l'histoire qu'un historien fait et l'histoire qui l'a fait, lien consubstantiel à une ego-histoire.

 

- Voir à la rubrique 'Histoire de l'éducation' : L'école de deux ordres ségrégués à trois degrés successifs pour tous (Colloque de Sèvres, CIEP, 2017). Ici, un 'souvenir' évoqué en introduction de la conférence.

Des 2 ordres aux 3 degrés Actes 100 ans Compagnons de l'Universite Nouvelle Paris 2020 Pdf
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Un peu de CV

Né en 1949 à Lausanne, j'ai soutenu une thèse en histoire politique contemporaine après des études aux universités de Fribourg et Paris I : Le machiavélisme de village (Éditions Le Front littéraire « Université », Lausanne).

Professeur titulaire après une thèse d'habilitation sur les rémanentes éducatives, j'ai  enseigné l'histoire de l'éducation aux Universités de Fribourg, Neuchâtel, Rouen et Curitiba-Brésil et pu me consacrer aux principales activités académiques suivantes :

conseils scientifiques : 20 ; coordinations de colloques, symposium, recherches, fonds nationaux : 30 ;  directions ou co-directions de travaux - MA, jurys de thèses, HDR, recrutements - : 70 ; conférences, communications : 185.

Fondateur et directeur de rédaction de Didactica Historica (Alphil-Éditions universitaires suisses, Neuchâtel), fondateur et vice-président de l'Association internationale de recherche en didactique de l'histoire et des sciences sociales (AIRDHSS) ; fondateur et président du Groupe d'étude de didactique de l'histoire de la Suisse romande et italienne (GDH) ; co-requérant du Fonds national suisse de la recherche scientifique sur l’éducation au développement durable 2006-2011 - Universités de Genève et Fribourg, HEP Vaud et Valais - ; retraite en 2015.

J'ai ainsi pu publier une douzaine d'ouvrages et 250 articles, recensions, rapports, expertises - moitié en revues à comité de lecture -, publications allant de l’habilitation savante - Le Temps des espaces pédagogiques. De la cathédrale orientée à la capitale occidentée (Presses universitaires de Nancy) - au roman historique - La journée très spéciale d’Isidore Niquille (Éditions Montsalvens, Bulle) -, en passant par la biographie d'un grand pédagogue - Girard (Éditions LEP, Lausanne) ou la monographie d'une commune en Nouvelle Histoire - Broc, village de Gruyère (Éditions Monographic « Mémoire vivante », Sierre).

Table des matières de mon CV - Recherches - Publications - Conférences

CV - Recheches - Publications 2024 complet

CV - Publications - 2024 Pdf
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D'autres éléments d'égo-histoire à l' 'Accueil' (leçon d'adieu)
et à la rubrique 'Histoire de la Gruyère et de Fribourg' (thèse de doctorat)