Sur le chemin de l'école en Suisse (Centre de Zurich, 22 janvier 2010)
D'où viennent la "classe" et l' "examen" ?
C'est-à-dire comment en est-on arrivé à 'classer' les élèves par volées d'âge de manière à les distribuer en filières sélectives par la grâce d'un quotient scolaire appelé 'moyenne'... 'éliminatoire' (dans l'école traditionnelle) ? Cette question, double, aux composantes concomitantes, a occupé une bonne part de mes recherches d'historien de l'éducation durant une trentaine d'années.
Qui a inventé la classe et l'examen ? Quand et à quelles fins ?
Quelle est la genèse obscure de ces deux socles des systèmes scolaires européens de type méditerranéen auquel appartiennent d'ailleurs la France et la Suisse romande ? C'est bien ce qui semble intéresser ces deux élèves scrutant une des images les plus perspicaces de l'école. Un tableau du peintre suédois Peter Tillberg intitulé : « Seras-tu rentable mon petit ? » Sans doute la question que se pose le maître (nous, spectateurs de la scène) regardant ses élèves sagement rangés. Un début de réponse... Ce qui suit apporte d'autres éléments.
L’espace historique de deux maîtresses
infidèles : la note et la classe
Conférence plénière au 25e Colloque international de l’ADMEE-Europe 2013, Évaluation et autoévaluation : quels espaces de formation ? Fribourg 9-11 janvier 2013. Le texte publié : https://books.google.ch/books?id=wQEtDwAAQBAJ&lpg=PA30&ots=UINF7Ky-qX&dq=cycle%20p%C3%A9dagogique%20ferri%C3%A8re&hl=fr&pg=PP1#v=onepage&q=cycle%20p%C3%A9dagogique%20ferri%C3%A8re&f=false (pp. 15-32)
Comment transmettre les valeurs essentielles hors de l'école : par des plans d'études monumentaux !
Deux livres pour (tenter d') expliquer ça
Le synopsis de 'Voir le politique' est à disposition ici. Mais c'est l'acquisition de l'ouvrage en librairie qui permet au livre de vivre, à l'auteur de le financer et au lecteur de bénéficier d'une recherche conduite de Budapest à Brasilia, sur le terrain (pardon, sur le pré ... ), de bibliothèque en bibliothèque, dans l'immense littérature de 700 travaux d'historiens (avec Le Temps des espaces pédagogiques).
Deux ouvrages très illustrés montrant comment on apprenait, en Occident, par le son et surtout peut-être, par l'image, avant la diffusion du papier, l'imprimerie, la classe, l'examen... l'alphabétisation de masse... jusqu'aux mémoriaux contemporains de nos
capitales dont les décors enseignent toujours les valeurs politiques essentielles,
comme la cathédrale le faisait pour les valeurs religieuses
ou le palais royal pour les valeurs aristocratiques
Deux ouvrages tirés d'une thèse d'habilitation en histoire de l'éducation consacrée aux rémanences éducatives :
'Le Temps des espaces pédagogiques' et 'Voir le politique'
Première rémanence - phénomène dont l'origine est oubliée mais les effets demeurent - grandiose :
l'inscription au coeur des cités d'aujourd'hui de plans d'études monumentaux enseignant
par leurs décors présentés à la vue de tous, les valeurs religieuses, culturelles, politiques essentielles,
de la cathédrale au parlement en passant par le palais royal, à la manière de MOOCs plastiques.
Une manière de réduire la distance entre les mythes qui commandent nos conceptions et
une histoire dans le pré, au ras des pâquerettes, au-delà de nos représentations spontanées
Voir le politique
Du Palais fédéral au Palais Bourbon – Suivre les capitales par leur décor monumental
Presses universitaires de Nancy - Editions Universitaires de Lorraine, 2022, 224 p., 130 illustrations : https://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=27000100899840
De Berne à Brasilia, en passant par Paris, Berlin, Londres, Washington… en 130 images les plus majestueux décors politiques devant lesquels vous vous êtes peut-être pris en selfie sans forcément savoir ce qu'ils représentent, ce qu'ils enseignent, par leurs systèmes monumentaux de représentations politiques et sociales.
Voir le politique constitue le tome 2 de :
Le Temps des espaces pédagogiques
De la cathédrale orientée à la capitale occidentée
2e édition, Presses universitaires de Nancy - Editions Universitaires de Lorraine, 2016, 396 p., cahier d’illustrations en introduction résumant la problématique : https://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=27000100896990
La fabrication de cet ouvrage issu de ma thèse d'habilitation est racontée dans ma leçon d'adieu à la rubrique Accueil (dias 47 - 65).
L'espace aménagé de nos classes porte encore la marque des longues traditions d'exercisation et de profération magistrales, souvent renouvelées, jamais vraiment dépassées, du moins au secondaire. Des habitus dont la genèse s’est obscurcie depuis les prodigieuses techniques psalmodiques de la solmisation grégorienne. Il était alors possible de connaître « par cœur », grâce à l’espace de la nef où il circulait viva voce, inlassablement, en cycles annuels immuables, l’immense savoir nécessaire au salut.
Un enseignement doublé d’un décor qui donnait à voir, aussi, tout ce qui était récité et entendu. Or le plan d’études oral et visuel de la nef-cathédrale subit la concurrence des supports de l’écrit diffusés parallèlement à un mouvement de profanation absolu dont on peut suivre la trace dans les nouveaux espaces pédagogiques, palatiaux et urbains, des villes-capitales de l’Europe moderne.
Inversant l’ “orientation” des cathédrales qui indiquait encore la direction du Dernier Jour, but ultime de l’éducation chrétienne, les capitales se dotent d’un axe nouveau, hygiéniste et profane, tourné vers le soleil couchant, “occidenté”, délimitant une aire propice aux loisirs de cour, reléguant les engeances populaires à l’arrière du dispositif. Elles se font plans d’études monumentaux, affichent les symboliques de l’absolutisme monarchique, les réifient dans l’espace ordonné de la ville entre un Ouest noble et un Est populaire, dichotomie atténuée par une grande perspective triomphale Centre-Ouest symboliquement neutralisée à partir de la fin du 19e siècle.
Cette édification par la monumentalité, révélatrice de la ségrégation sociale moderne entre quartiers aisés et populaires, renvoie au système éducatif en deux ordres pédagogiques, primaire et secondaire, jusqu’au renversement opéré par les trois degrés successifs pour tous de la deuxième moitié du XXe siècle.
En guise de synopsis du Temps des espaces pédagogiques, le cahier des illustrations
(mais il est préférable d'accéder à l'ouvrage en ligne chez l'éditeur ou mieux, en librairie !)
Fichier en clichés d'écran (qualité médiocre)
'Rémanences éducatives' :
la source du Temps des espaces pédagogiques et de Voir le politique
Le texte déposé d'une thèse d'habilitation.
En France, les thèses d'habilitation sont constituées d'un dossier de publications soumis à un jury en vue d'une habilitation à diriger la recherche. A Fribourg, selon la tradition germanique, une thèse d'habilitation à l'enseignement réclame un nouveau travail de doctorat élaboré en autonomie, sans direction de thèse. L'habilitation est obtenue après une leçon d'épreuve publique donnée face à un jury international qui en détermine le thème trois semaines avant la soutenance, dans le domaine de l'habilitation.
(Fribourg, Faculté des Lettres, Sciences de l'éducation, 2002, 405 p.)
Le concept de rémanence
est à la source des deux ouvrages Le Temps des espaces pédagogiques et Voir le politique. Cet outil de pensée permet à l'historien d'appréhender un phénomène dont la cause, la raison première, est oubliée. Dans le domaine des conduites scolaires, cela revient à rédiger un rapport d'enquête (ἱστορία -'historia' en grec classique) sur les raisons pour lesquelles on classe, on note, on programme annuellement, on redouble, on récite, on disserte... on use de telle méthode ici, de telle autre là, on obtient de meilleurs résultats ici que là... Rapport qui, après avoir établi les origines obscures du phénomène pris en compte, expose son histoire - cerne le contexte de son établissement, ses évolutions, chaque étape se faisant en ignorance de la précédente -, conclut alors sur sa raison d'être actuelle, sur son éventuel dépassement pour un enrichissement des pratiques scolaires, leur meilleure efficience.
L'article plaçant Girard dans la longue durée du passage de l'école en deux ordres réservés à celle en trois degrés successifs pour tous
Des études selon ses capacités,
non pas en fonction de son origine sociale
Invité en 2017 au CIEP (Centre international d'études pédagogiques) de Sèvres / Cité universitaire internationale de Paris, pour une table ronde sur l'éducation en France, j'attire l'attention sur le centenaire tout proche, en 2019, de l'Université nouvelle projetée par les célèbres Compagnons.
Au sortir de 14-18, convaincus que la guerre provenait de l'ignorance, et donc pour que «plus jamais ça» ne se reproduise, les Compagnons de l'Université nouvelle lancent l'idée d'un accès aux études ouvert, sans considération d'origine sociale.
Le CiEP organisa donc un colloque du centenaire et l'article annexé provient d'une conférence plénière donnée à cette occasion. Il replace le projet des Compagnons dans la longue durée du passage de l'école en deux ordres ségrégués, issu de l'Ancien Régime, à l'école en trois degrés successifs pour tous (école, collège, lycée, en France) qui sera finalement adoptée en Europe après le Second conflit mondial.
Ci-contre, la première page dans laquelle j'explique que né trois ans plus tôt, avec un destin scellé en fonction de mon origine sociale par l'école en deux ordres alors encore en vigueur, je serais devenu comme mon grand père et mon père... boulanger (ce qui n'aurait pas été pour me déplaire) !
Je joins à cet exergue d'autres extraits et images de l'article révélant ce changement structurel de l'école, dans la mesure où il a réellement été opéré, à défaut des mutations pédagogiques qui auraient en principe dû l'accompagner. A la rubrique 'Ego-histoire'. d'autres aspects de ce chapitre crucial de l'histoire de l'éducation sont évoqués en lien avec ma propre expérience.
Le changement structurel majeur de l'histoire de l'éducation
occidentale en deux graphiques
Un exemple d' application du plan d'études monumental exposé dans
'Voir le politique' : l'itinéraire du cortège royal pour le sacre de Charles III
en 2023
Que ce soit pour le sacre d'un roi de France, sous l'Ancien Régime, ou pour celui d'un souverain britannique contemporain, on ne promène pas sa majesté n'importe où dans la capitale. Les itinéraires suivent des principes inaliénables, en respect d'une ségrégation sociale inscrite dans la monumentalité qui les ordonne et les valorise.
Les inaugurations de mandats présidentiels, en France, répondent également à une logique propre, avec des itinéraires empruntant un parcours jalonné des symboles monumentaux républicains choisi par l'élu en fonction de ses affinités avec l'histoire et la culture nationales.
Le Temps, 04.05.2023
https://www.letemps.ch/opinions/corteges-royaux-inaugurations-republicaines-strategies-politiques
Éléments pour une histoire générale de l'examen (dont Foucault disait dans Surveiller et punir qu'elle restait à faire)
On peut se référer au Temps des espaces pédagogiques (présenté plus haut) - chapitre 'Réciter / Du territoire de la correction à l'espace de la surveillance' -, et retrouver les socles culturels placés à la source des procédés d'examen panoptiques, selon l'expression de Foucault, modernes et contemporains.
Réciter 53
Savoir par cœur
Psalmodier 63
Répéter
Résonner
Mémoriser
Solmiser
Du territoire de la correction à l’espace de la surveillance 75
L’héritage de la profération 86
La lecture silencieuse, négation de la fonction spatiale
Haine du livre
Constance des habitus de transmission et de profération
Nature du magistère de l’oralité
Pourquoi l’école échoue ?
Le diable se cache dans la “moyenne”
Le ttitre proposé était : «L’échec de l’école réside dans un système de notation figé à l’âge classique. Hommage à Philippe Meirieu»). Un article inséré dans Le Temps «Débats», 15 janvier 2015, p. 11.
- Voir aussi : À l'école, des notes qui sonnent faux. Hommage à Philippe Meirieu, Édition “Les invités de Mediapart”, 06.01.2015 : https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/060115/lecole-des-notes-qui-sonnent-faux-hommage-philippe-meirieu
Noter les travaux d'élèves ! Autant le faire de la manière le plus équitable.
Et c'est tout un métier...
Les systèmes scolaires de type méditerranéen (à dominante expositive-transmissive) imposent de noter les copies : on doit avant toute chose s'efforcer de comprendre comment ça se passe, habituellement.
Ce n’est pas que les notes soient impossibles, c’est plutôt, avant d’examiner d’autres voies, qu’il faut être conscient de la difficulté d’en mettre de manière équitable.
Pour cela, rien de tel qu’un détour par un domaine clé de la docimologie : les «biais de la notation scolaire».
La note, invention des Temps modernes
Revue des HEP de Suisse romande et du Tessin, L’apprentissage de la lecture, n°1/2004, pp. 89-96.
Un regard historien sur l’examen classique. Palimpseste des finalités
de la civilisation sacrale et des prescriptions de la société d’ordres
Conférence plénière au Colloque international de l’ADMÉÉ-Europe,
Liège 2003, Actes du Colloque Évaluation entre efficacité & équité, Université de Liège 2004, pp. 55-65.
Ranger, noter, évaluer :
changements de paradigme ou ajustements ?
Communication au Symposium Espaces, idées et surveillance pédagogiques en longue durée éducative, International Standing Conference for the History of Education (ISCHE) 34 – Internationalisation dans le champ éducatif (18e– 20e siècles), 27-30 juin/June 2012, Genève/Geneva.
La démolition de l’École en trois images illustrant une vue
d'ensemble des conjonctures d'examen : Ranger, noter, évaluer...
« Un dessin de Chaunu en deux vignettes - 1969 / 2009 -, paru le 22 avril 2009 dans Ouest-France sous la signature d’Emmanuel Chaunu, donne à mesurer la frappe étonnante de l’image avec laquelle les mots ne peuvent rivaliser »,
explique Paul Villach dans AgoraVox (https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-destruction-perverse-de-l-ecole-56578), tout au long d'une analyse incisive des rapports entre caricature et réalité, reflet des soubresauts de l'évaluation dans l'histoire scolaire immédiate :
« (...) La gravité du sujet est telle qu’on ne se surprend qu’à sourire jaune : on tolère mal, en effet, un monde à ce point à l’envers où triomphent l’arrogance du cancre et l’irresponsabilité de parents au détriment non seulement de l’autorité professorale mais de l’avenir même de leur enfant. (...) Il manque, toutefois, à ce dessin, pour être encore plus fidèle à la réalité, la présence tutélaire et maléfique de l’administration qui favorise ce désordre (...) » (Paul Villach, historien, 40 ans d'enseignement dans le secondaire et le supérieur)
Et, évidemment, on rêve d'un quatrième dessin avec un-e prof commentant devant l'élève et ses parents un dispositif d'évaluation critériée, soit un état des apprentissages, autant de ce qui est maîtrisé que de ce qui doit l'être, indiquant les moyens pour y parvenir...
Dans la communication à l'ISCHE 2012 (non publiés) qui est ici à télécharger, je propose une vue d'ensemble des conjonctures de l'examen, des peines expiatoires aux peines analogiques, dont la 'mauvaise' note, toujours appliquées, en passant par les essais, rarement aboutis, d'évaluation critériée des apprentissages, dans le temps long des systèmes éducatifs occidentaux.
France / Allemagne ou cantons suisses catholiques / protestants :
les PISA exploités à mauvais escient ?
Tradition, médiatisation et mesure de l'efficacité scolaire –
Brève histoire immédiate de l'évaluation des systèmes éducatifs
In : Diversité, n°169, 2012. La pression évaluatrice. Quelle place pour les plus faibles ?
pp. 45-50 : https://doi.org/10.3406/diver.2012.3587
Nos systèmes éducatifs - suisses, français, allemands... - seraient-ils sclérosés et sous performants en comparaisons internationales ? Sont-ils en décalage ou en opposition avec ceux d'autres pays de l’OCDE placés au crible des études du PISA ? Pas si sûr, si on prend la peine de regarder les données de près. La réception des résultats est devenue un enjeu politique susceptible de remettre en cause un certain nombre de travaux et de pratiques éprouvées. Vérité en deçà de PISA, erreur au-delà ?
Plan de l'article
- Une conjoncture de rénovation pédagogique…
- ... basculant avec l’irruption du premier PISA
- La tradition, source d’idiotie au XIXesiècle, de réussite au XXIe !
- Focalisation sur le tabou de l’évaluation
- Systèmes éducatifs européens et performances scolaires
- Quelles corrélations systèmes/efficacité ?
- Références bibliographiques
Pédagogie – Utopie : pléonasme !
Pédagogie – Utopie : pléonasme ! Pourquoi la pédagogie cède-t-elle toujours à la classe ?
In : Actes du Colloque Pestalozzi 2019, Le meilleur des mondes. L’éducation entre optimisme et utopie, Yverdon-les-Bains : Centre de documentation et de recherche Pestalozzi, 2020, pp. 127-146.
Des groupes de capacités à la pédagogie de maîtrise, du XIVe au XXe siècle, combien de méthodes modernes auront conquis les instructions officielles ? On voit bien que c’est toujours la «classe» qui structure les systèmes éducatifs de type latin, avec son enseignement direct, ses programmations annuelles en volées débouchant sur le calcul d’un quotient scolaire appelé «moyenne», déterminant promotions et redoublements, canalisant les sélections.
Contre le cours de l’histoire de l’éducation qui indique que tout à plutôt commencé par une indifférence à l’âge, lorsqu’il s’est agi de renouveler la didactique du savoir «par coeur», avec la diffusion du papier, et par l’auto-correction de l’erreur à l’aide d’un «corrigé», lorsqu’il s’est agi de suppléer à la correction de l’élève pour ses fautes, avec l’imprimerie moderne. Dès lors, face aux instructions publiques, la pédagogie s’est muéeen utopie, en dépit des efforts des grands pédagogues et des sciences de l’éducation pour transcender la classe. Constat pessimiste, réaliste... utopique ?
Une leçon inaugurale pour les sciences
de l'éducation à Fribourg en 1889
Dans sa leçon inaugurale de professeur de pédagogie à la toute jeune Université de Fribourg, en 1889, Raphaël Horner donne les raisons présidant à la création d’une chaire de pédagogie alors que l’Allemagne, première puissance académique de l’heure, confiait toujours son enseignement à la philosophie (la “pédagogie pratique” étant donnée à des chargés de cours) et quand bien même aucune Faculté de l’Europe du tournant du XXe siècle, soulignait-il, n’était encore dotée d’une telle chaire.
En France, la Sorbonne inaugure sa chaire de pédagogie en 1887, peu après la première chaire américaine (1879). Dans ce contexte, la chaire fribourgeoise de 1889 peut encore passer pour pionnière. Elle est créée au plus fort du conflit récurent entre humanités – représentées à Fribourg par les professeurs du Collège Saint-Michel, établissement prestigieux riche de trois siècles de tradition jésuite –, et pédagogie – représentée désormais, ici, par une chaire nouvelle revendiquant l’essor d’une science de l’éducation –. Un conflit entre adeptes de la tradition professorale comme mode de transmission des connaissances lié à la noblesse des savoirs libéraux et partisans de la pédagogie comme mode d’approche des connaissances par l’exercice ou le problème, lié au réalisme des savoirs prosaïques.
Horner en phase avec Durkheim et l’épistémologie
des nouvelles sciences sociales
Pour d'autres publications dans le domaine de l'histoire de l'éducation, voir au fichier 'CV - publications' à la rubrique Ego-histoire